Grisaille croate
Du 17/10 au 26/10 - Jours 201 a 210 - 617 km parcourus - Total : 12 410 km
Nos premiers jours en Croatie sont ensolleilles, mais les nuits sous la tente glaciales. Pour la premiere fois depuis la Chine, nous nous reveillons avec le double toit couvert de givre.
A part notre velo qui s est juste casse en deux, nous n avons pas raconte nos autres petits deboires materiels… Figurez vous que le double toit de notre tente ne ferme plus depuis au moins 4 mois! Cela n etait pas genant dans les pays ou la temperature avoisinait les 30 degres la nuit mais avec le froid et la pluie qui rodent, nous sommes un peu embetes. Autre pepin plus genant, notre rechaud a essence n’a jamais fonctionne correctement. Meme après prechauffage, il degage de grandes fumees noseabondes et noiratres qui encharbonnent tout ce qu elles touchent… Depuis que nous avons quitte les pays chauds et desertiques, nous avons pris l’habitude de faire des feux de bois pour cuisiner. Ca sent bon et en plus ca rechauffe lorsqu il fait froid.
Nous sommes en octobre et la nuit tombe de plus en plus vite. Apres avoir mange aupres de notre feu de camps, nous nous refugions rapidement dans nos duvets bien chauds. En general, nous sommes au lit a 19h!
L est de la Croatie que nous traversons est tres fortement marquee par la guerre des Balkans. Nous passons par Vucovar, ville symbole de la resistance croate contre les serbes. Certaines maisons sont demolies, de nombreuses autres portent des impacts de balles sur leurs murs. Un chateau d eau laisse voir sa structure interne par les trous beants menages par des obus.
Les croates semblent ne plus voir ces traces et vont et viennent sans y preter attention. Pourtant, ils ne font pas totalement disparaitre les marques de cette souffrance, comme pour en laisser la trace et rappeler a tous comme la guerre est terrible.
Nous nous enfoncons dans le pays, sur des petites routes campagnardes. Le temps se degrade. Alors que nous passons une zone de petites montagnes, dans la brume humide qui nous entoure, apparaissent des panneaux a tetes de mort!A y regarder de plus prêt, il s agit de panneaux qui mettent en garde contre la presence de mines antipersonnelles! De nouvelles traces de la guerre, plus marquantes que jamais.
Aucune raison n est assez bonne pour nous amener a plus d un metre de la route goudronnee, meme une envie pressante…. Les champs autour de nous sont a l abandon, nous traversons des villages fantomes, abandonnes par leur habitants. Les mines embusquees a chaque coin de champs et de chemins sont trop dangeureuses pour toutes activites et tout le monde a fuit… Triste promenade entre ces maisons...
De petites pluies fines nous glacent sur la route. Nous sommes alors tres tres heureux et tres reconnaissants d etre heberges par des croates que nous ne connaissons ni d Eve ni d Adam. Il ne s agit pas de l hospitalite instantanee ouzbeque ou kazaque , mais de ces fameux reseaux de Couchsurfing et de Warmshowers dont nous avons déjà tant parle. Grace a ces reseaux, nous faisons la connaissance en Croatie de Ivana, Hrvoje et Ivo.
Nous sommes loges, choyes, chouchoutes. Nous rencontrons des croates avec qui nous pouvons discuter de leur pays, de la guerre, de l Europe, du futur… Nous pouvons poser toutes les questions qui nous viennent alors que nous traversons le pays en pedalant. Ces reseaux sont vraiment des initiatives extra, pleines d humanite et d echanges.
Pour rejoinder l ouest de la Croatie et passer ensuite en Slovenie, nous devons grimper un col pour traverser les Alpes Dinariques. On nous a annonce de la neige dans ces montagnes. Heureusement, nous n en voyons que les vestiges fondants le long de la route car les temperatures sont assez tiedes pour que les gouttes de pluies qui nous trempent ne soient pas de doux flocons poudreux.
Lors de la descente, nous apercevons la Mediterranee pour la premiere fois, au loin. Cela signifie tellement pour nous! Bientot la France, les amis, la famille… Nous sommes encore emus lorsque nous entendons un bruit sourd venant du velo. Encore le cadre? Non, cette fois c est la transmission entre les deux pedaliers qui vient de casser. Probablement un trop-plein d emotion pour le velo aussi. Pauline pedale dans la choucroute et Remi n a pas d autre choix que de pedaler pour deux jusqu a Rijeka. Pauline a froid a l avant pendant que Remi peine comme un diable dans les cotes.
Malgre tout, quel plaisir d admirer la Mediterranee, son parfum et sa vegetation littorale si typique, meme sous un ciel noir charge de pluie…
Aides par Ivo a Rijeka, nous reparons notre velo avec les moyens du bord et profitons d une eclaircie pour repartir vers la Slovenie.